En l'espace de treize titres et deux compilations, le label allemand World Electric s'est imposé comme l'une des références incontournables et novatrices en matière d'electro new school. Basé à Lohmar, près de Cologne, son irréprochable manager, Andreas Bolz, auteur de brillantes productions sur Feis, Ersatz Audio ou encore Electrecord, nous explique les raisons de son succès dans les milieux underground...
- Atome : Quelle est la ligne artistique de World Electric, label que tu as monté en 1998 ? Comment se porte-t-il aujourd'hui et pourquoi l'avoir lancé ?
- Bolz Bolz : Juste avant de lancer World Electric, en 1997, j'avais produit une paire de titres qui avaient vu le jour sur le label "Ersatz Audio" de Detroit. Cela a certainement jeté les bases de ma ligne artistique. Depuis ce moment il m'est apparu évident qu'il fallait que je crée un label qui reflète ma propre vision sonore, un label qui apporte plus de couleurs à l'electro dans une optique new school. A l'époque, je ne me souciais pas de savoir si ça allait se vendre, je voulais simplement prendre du plaisir en faisant de la musique avec mes instruments analogiques.
- A. : En y repensant, dirais-tu que lancer un label electro en 1998 était une entreprise bien plus difficile qu'aujourd'hui ?
- B. B. : Lancer un label électro qui ait une audience de plus en plus grande dans des styles variés n'était pas et n'est pas chose facile. La musique de World Electric n'a jamais été tendance et je n'ai pas cherché à développer à tout prix les tirages du label. J'espère que les nombreux artistes et personnes qui auront bientôt l'intention de lancer de nouveaux labels garderont à l'esprit qu'ils doivent apporter quelque chose de neuf à la communauté electro.
- A. : Tu as sorti des maxis d'artistes jusqu'alors inconnus comme Chromatix, Komatr'ohn ou Kitbuilders. Comment expliques-tu ton aisance si particulière à découvrir de nouveaux et talentueux artistes ? Est-ce à dire que World Electric représente une plate-forme qui leur est dédiée ?
- B. B. : WE est connu pour accueillir des artistes rares et mettre en avant une musique electro non conventionnelle. La ligne artistique du label se fonde d'ailleurs sur cette idée. Je pense et espère avoir créé un style pour le label qui puisse donner à ses nombreux artistes, connus ou inconnus, le sentiment d'appartenir à cette nouvelle mouvance electro. Je sélectionne les artistes non pas en fonction de leur notoriété mais en fonction de leur style musical en ayant à coeur de voir si leur son correspond à la ligne de World Electric.
- A. : Récemment, ton album "Take a Walk" a rencontré un énorme succès un peu partout dans le monde. Quelle était l'idée principale de ce projet et as-tu étonné par l'impact obtenu ?
- B. B. : "Take a walk" était le résultat d'une longue période de production. Ce CD d'ailleurs ressemble plus à une compilation ou à une rétrospective de mes travaux sous le nom de Bolz Bolz. Et en effet, cela a été une énorme réussite pour World Electric.
- A. : En se référant à ton impressionnante discographie (plus d'une cinquantaine de productions depuis 1997), tu sembles utiliser différentes casquettes et mener de front de nombreux projets musicaux. Ces dernières années, tu as sorti plusieurs disques sous des pseudos variés comme Bolz Bolz, Third Electric (avec ton compère Rootpowder) ou Funktaxi. Décries-nous la musique que tu crées sous chacun de tes différents noms.
- B. B. : Lorsque je commence à produire un morceau, c'est comme si je mettais les pieds sur un nouveau continent que personne n'aurait encore foulé. Parfois j'ai l'impression d'explorer des styles inconnus. Le plus important pour moi est de pouvoir transcrire mes émotions du moment dans ma musique. Funktaxi représente une part importante de Bolz Bolz. J'adore renouer avec ce son pop / easy listening / jazzy et downtempo, surtout après une période plus dure et dansante lorsque je produis des morceaux en tant que Bolz Bolz. Third Electric est le nom que nous utilisons Rootpowder et moi lorsque nous travaillons ensemble. Il peut être appréhendé comme un hommage à la scène old school electro du début, aux sons des machines analogiques issues des 808 et des DMX.
- A. : Quel est ton background musical ? Quand et comment t'es-tu lancé dans la musique ?
- B. B. : J'ai commencé la musique électronique en 1990 et j'ai été inspiré par toute la scène électro expérimentale allemande des années 70, Klaus Schulze, Kraftwerk… J'adore le son analogique de ces artistes. La scène New Jazz des années 70 à 80, autours de Wolgang Dauner et Joachim Kühns Association PC, a eu une influence capitale sur moi.
- A. : Excepté Freddie Fresh (Howlin', EMF), peu d'artistes aujourd'hui utilisent encore de matériel analogique pour créer de la musique. Comment expliques-tu ta passion pour ces vieux synthés ?
- B. B. : Créer un morceau electro sans utiliser d'instruments analogiques, ça n'est vraiment pas la même chose que d'utiliser uniquement des logiciels d'ordinateurs. Pour trouver des basslines ou des drumlines puissantes, j'utilise toujours des machines analogiques. Pour l'enregistrement, le mastering et les coupes, en revanche, j'utilise un G3.
- A. : Quels sont tes projets musicaux en 2002 ?
- B. B. : Je suis en train de produire un nouvel album sous le nom de Bolz Bolz pour le label Feis. Il est prévu pour le milieu de l'année prochaine. Sous le nom de Funktaxi, je devrais produire de nouveaux titres pour WE et j'espère réaliser quelques collaborations avec entre autres Scape One, Dj La Monde et les Kitbuilders. www.worldelectric.de Nexus 6, 17/12/2001
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