Huit ans de réflexion, c'est le temps qu'il aura fallu au comparse d'Heiko Laux pour se familiariser avec les machines et concevoir aujourd'hui son projet personnel sur JH records. Loin de s'ouvrir aux artistes internationaux, le label entend dévoiler les multiples facettes de ce producteur techno de talent, introspectif et affable.

- Atome : Quels seront tes projets musicaux dans les prochains mois ? Tu es patron d'un label, aujourd'hui. Quelle en est la ligne artistique ?
- Johannes Heil : Mon propre label... oh, je l'ai pensé entièrement, jusqu'au graphisme des pochettes. C'est une sorte de film virtuel global, une combinaison entre visuels et musique. Tout dans le disque relate une histoire. La première sortie est en quelque sorte un appel du subconscient. Mais chacun restera libre de sa propre interprétation. Si tu écoutes la musique et que tu regardes la pochette, tu peux commencer à rêver ou t'évader dans certaines directions. Avant tout, je vais sortir quatre maxis. Ensuite, viendra l'album, réunissant, à mes yeux, le meilleur de ces quatre productions ainsi que des titres inédits. Mon désir est de tout gérer car je n'aime pas trop ces labels qui utilisent sans cesse la même pochette. Je pense que ma musique est suffisamment grande pour l'insérer dans une histoire, une sorte d'écran...

- Atome : Quels sont les films qui t'inspirent ?
- JH : Matrix et The Game m'ont réellement inspiré. Ce dernier est un excellent film qui tourne autour d'un type infecte, totalement déconnecté de la réalité. Ca m'intéresse beaucoup. Comme bien d'autres films d'ailleurs : L'exorciste, par exemple, pour les dérangements mentaux qu'il aborde. J'adore aussi les oeuvres de John Carpenter. Il en réalise à la fois le film et la bande son. C'est un bon mélange ! Je suis influencé par un bon nombre de films de SF, les films dark comme Stange Days, ou qui ont une approche futuriste, les films d'horreur. Je pense que la plupart de ces films doivent leur vivacité grâce à la bande-son. Une musique flippante, des moments calmes et puis soudain "Tching"...

- Atome : Pourquoi passer d'artiste à producteur ?
- JH : C'est simplement parce que je voulais être libre et que je voulais traduire toutes les idées qui me passent par la tête. C'est la seule raison ! Je suis conscient que cela représente énormément de boulot mais je suis prêt. Jusqu'à présent, je n'ai fait qu'expérimenter en studio. Aujourd'hui, une partie de ces expérimentations est terminée et je sais à peu près ou je vais, donc j'ai plus de temps. Je pense que ce temps sera correctement utilisé si je fais toutes les démarches de paperasserie. Je veux être libre, totalement libre.

- Atome : JH est plus un projet personnel
- JH : ouais, c'est une partie de mon film intime, de mon voyage interne.

- Atome : Quels sont les artistes que tu aimerais aider sur ton label ?
- JH : Aider ? Oh, mon label n'a pas été crée pour aider qui que ce soit. Le label se destine à me rendre plus libre. Qui ? Qui produirait avec moi sur un projet pour mon label ? Les artistes avec lesquels je me rends en studio n'ont pas besoin d'aide. Nous sommes dans la même optique musicale, notre vision est assez proche. Mais JH est fait uniquement pour moi et pour des projets ayant un rapport avec moi. JH n'est pas ouvert aux jeunes artistes, je ne veux pas m'engager dans un label car le boulot annexe me rebute. C'est trop lourd à gérer !! si j'avais dix ou vingt artistes, exit le travail en studio, je passerai tout mon temps en paperasserie !!

Projets musicaux de Johannes Heil :
"Future primitive L.P." : troisième album électro-techno-pop sur Kanzleramt.
"The Trinity Project E.P." : maxi électro sur International Deejay Gigolo 47.
"JH 02" : maxi électro avec lyrics sur son propre label.
www.kanzleramt.com
Nexus 6, 28/09/2000