samedi 23.11.2024  

atome, centrale digitale

 

 

 

Interzone Records Sub Static
   
Intergroove Party - Art Theater - Cologne (CH) - 18/08/2000 

Si Johannes Heil ne vient pas à toi, vas à Johannes Heil. Rendez-vous pris à Cologne le vendredi 18 août. La Popkomm, festival annuel des professionnels de la musique, bat déjà son plein depuis la veille. Groupes de rock à tous les coins de rues, orchestres classiques ou lives rap improvisés en périphérie, parties techno chaque soir dans les clubs de la ville. La pluie dense et le tonnerre qui se sont abattus dès la nuit tombée présagent une déferlante de décibels. Une foule de ravers mouillés s'empresse devant les portes du Art Theater, un bar discothèque où se tiendra jusqu'à l'aube une "Intergroove Party" des plus alléchantes. Annoncés sur les flyers, Anthony Rother live, suivi de Johannes Heil et Christian Morgenstern. Difficile de faire plus pointu dans un cadre pourtant simple ! Les tables d'extérieur font office de parapluie, chacun se bouscule dans la bonne humeur même si les grosses gouttes ne font pas de quartier. Le service de sécurité, allégé, sourire aux lèvres, s'autorise des plaisanteries douteuses auprès des demoiselles. Mais après quinze minutes de douche froide, nous accédons enfin au guichet d'entrée. Sur la droite, perché sur une estrade, un vétéran des platines, dégarni et concentré, cale quelques vinyles down tempo. En milieu de salle, un comptoir assailli d'assoiffés fait couler la bière. L'humidité ambiante empêche de se sécher. Heiko Laux, boss de Kanzleramt caché derrière une paire de lunettes carrées, renoue d'anciens contacts. A ses cotés, Anthony Rother, garçon trapu au teint halé par un séjour musical de deux semaines en Floride, attend son heure. Le staff d'Intergroove distribution, en t-shirt blanc marqué d'un code barre, s'affaire autours des deux artistes. Bolz Bolz, musicien montant, promène son dj bag et son visage aquilin. Au fond de cette pièce aux actes rythmés, un hall obscur laisse échapper des beats fracassants. Aucune déco, excepté les bouteilles vides jonchant le sol, quelques spots pour éclairer une scène glauque et illuminer la casquette d'un dj en plein mix hard-techno. Cadence frénétique et constructions sonores débrident les corps. Minuit, l'heure pour nous d'accéder au sous-sol. Anthony Rother, micro miniature collé près de la bouche, entame son live électro devant un public de connaisseurs. Emmuré derrière des pans d'instruments, l'héritier des Kraftwerk revisite son répertoire : " Little Computer People " remixé, "simulationzeitalter " vocodé en direct et bien d'autres extraits de son dernier album se succèdent malgré quelques pannes techniques qui interdisent toute continuité musicale entre les morceaux. Quarante cinq minutes d'un live-act maîtrisé. Vivats et applaudissements chaleureux. Obscurité. Nappe trancey, rythme syncopé... Johannes Heil, crâne tondu et faciès grimaçant, enchaîne sans pause un titre électro envoûtant. Quatre, cinq machines pré-programmées tout au plus. Une prestation sans doute moins visuelle que celle d'Anthony mais de qualité égale. Progressivement, le beat se fait lourd. Inédits, tubes comme le "Ein traum" produit sur le Bpitch Control 5 fusionnent dans un set techno-pop de haute voltige. L'enceinte de gauche se fâche avec le patron du jeune label JH mais nul ne s'en soucie, embarqué dans un voyage solitaire et hypnotique. Bientôt, deux heures du matin et la conclusion d'une belle soirée par Christian Morgenstern.
Nous quittons les lieux trop tôt en espérant la venue prochaine en France de ces artistes talentueux encore trop rares.
www.intergroove.de
Nexus 6, 18/09/2000

Intergroove